mercredi 9 avril 2014

Autopsie électorale

C'est la mode, les analystes politiques font leur "post mortem" (sic) électoral. Mis à part le problème linguistique (l'OQLF suggère plutôt d'utiliser les expressions "bilan" ou "analyse rétrospective. Le choix ici a été "autopsie", beaucoup plus imagée), cette élection a soulevé de nombreux problèmes communicationnels. En voici quelques uns, dans l'ordre ou le désordre.

Le mythe 2.0

J'ai déjà écrit ici sur le phénomène du 2.0 dans le domaine politique au Québec, dans le cadre d'une campagne électorale. J'aimerais revenir sur le sujet, puisque les différents partis politiques, en général, ne semblent pas avoir compris. De plus, certaines corrections s'imposent aux conclusions identifiées en 2012.

1) Identifiez votre cible. Combien de fois avons-nous vu, ce printemps, des partis, ou partisans politiques, tenter de convaincre par le biais de 140 caractères des gens diamétralement opposés sur l'échiquier politique. C'est comme si Dodge Ram tentait de vendre un "pick up" à Françoise David. Elle lui dirait de s'essayer sur Daniel Breton. Toutefois, cela ne veut pas dire d'ignorer leurs appels. S'ils vous interpellent, répondez. J'y reviendrai. Mais ne perdez pas la face en vous faisant l'instigateur de discussion qui risquent de mal tourner.

2) Le dialogue, c'est l'essence du 2.0. Sur les réseaux sociaux, les entreprises ont compris qu'on gagne beaucoup plus à susciter un "engagement" qu'en laissant, tout bonnement, des publicités sur internet dans l'espoir qu'elles atteignent un cible. Et, par engagement, en communication, nous parlons de discussion. Prenez l'exemple de McDonald qui a fait campagne en répondant à toutes les questions de clients et d'opposants, sur les réseaux sociaux. L'essentiel, donc, est de discuter, pas de "spinner".

3) Investissez, ne bloquez pas. En vente, il y a cet adage qu'un client mécontent en parlera à 10 autres, qui répandront la nouvelle. Ça se vaut aussi en politique, et sur les réseaux sociaux, l'impact est amplifié. Lorsque François Legault a bloqué un nombre important d'utilisateurs Twitter en 2012, la nouvelle a fait boule de neige sur les réseaux sociaux. Même chose cette année avec Pierre Duchesne. Certes, les trolls sont parfois difficiles à gérer, mais il vaut parfois mieux les ignorer que les bloquer. Si votre coeur de politicien ne peut le gérer, engagez un gestionnaire de communauté compétent, qui saura le faire avec tact.

4) Sortez de votre vase clos. Un article récent du Devoir faisait état de la situation des partis politiques sur la twittosphère. Plusieurs autres analyses faisait état, plus tôt dans la campagne, de l'omniprésence du Parti Québécois sur les réseaux sociaux. Or, ce qu'on apprend, c'est que le PQ a certes été bruyant, mais isolé, discutant entre militants convaincus. Mauvaise tactique, ou rejet de la discussion? Il faudrait peut-être répondre à cette question. Discutez entre vous, certes, mais essayez aussi d'engager des discussions qui portent fruit (lire: évitez les envolées lyriques de sourds) avec les autres utilisateurs.


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