jeudi 24 avril 2014

Politicaillement correct : 2

L'art du "politically correct" découle directement des concepts établis dans la publication précédente. Le Toupictionnaire suggère d'ailleurs cette origine pour le terme : l'expression serait apparue vers la fin du XXe siècle au États Unis, "pour dénoncer ou se moquer d'une attitude qui cherche à n'offenser ni dénigrer aucune minorité. Elle est utilisée pour qualifier une façon socialement acceptable de s’exprimer."

Le politiquement correct consiste donc en un discours épuré et bien-pensant. Le but de ce discours n'est pas de reconnaître la diversité, mais bien de nier la différence. Des exemples existent dans tous les domaines. Ainsi, on ne dit plus "représentant en services à la clientèle", mais bien un "associé", pour donner une impression d'égalité entre les employés. On peut dire aussi "technicien de surface" pour parler d'un concierge. On parle de "réorganisation" pour désigner des licenciements.

La langue de bois est donc le penchant politique de cette réalité. Je vous laisse sur cette citation de Jean Dutourd : le politiquement correct serait une tendance discursive "bienfaisante, incontestable, irréfutable, et pour tout dire obligatoire, une certaine philosophie politique qui, extérieurement, a l'air d'être le fruit de la morale, de la tolérance, de l'humanitarisme, du progressisme, de l'égalité, de l'esprit démocratique, alors qu'elle n'est en réalité que l'expression la plus autoritaire du conformisme international, lequel, sous couleur d'idéalisme, peut se livrer à un pragmatisme effréné qui ne recule pas à l'occasion devant le crime."

Donc, au lieu d'aller au -delà du préjugé, le politiquement correct l'enrobe dans un discours rempli d'hyperboles et d'euphémismes afin d'éviter d'offusquer qui que ce soit. 

mercredi 23 avril 2014

Politicaillement correct

Certaines discussions récentes sur les réseaux sociaux, et des blagues d'humoristes ou commentaires de politiciens m'emmènent dans une direction que je pensais pas aborder d'un côté communicationnel. C'est qu'il y a, foncièrement, une importante distinction à établir entre la suppression des préjugés et le "politically correct" épuré.

(Alerte d'autopromotion)
Je vous invite à lire, en préalable, un court écrit que j'avais produit en 2012, lors de la campagne électorale et qui m'avait valu l'honneur d'être bloqué (je le suis toujours) par François Legault sur les réseaux sociaux numériques.

Donc, vous direz, pourquoi revenir sur le sujet? D'une part, une affaire judiciaire a mené de nombreuses discussions entre étudiants universitaires. D'autre part, différents discours racistes, homophobes ou sexistes n'ont cure de s'éteindre dans l'espace public.

Le préjugé

D'abord, un peu de sociologie (ou d'anthropologie sociale, tout dépend). Pourquoi l'être humain se croit-il justifié d'avoir recours aux préjugés? Simplement parce que, pré-historiquement, ils lui ont permis de survivre. Voir un lion, et avoir peur, c'est un préjugé. Pas besoin de lui demander son nom avant de savoir qu'il nous trouve plus appétissant que sympathique.

Le problème survient lorsque ce-dit préjugé s'applique sur un autre être humain, dans un effort d'exclusion ou de singularisation sociale. Il faut entendre ici que les préjugés négatifs (les mexicains sont paresseux) ont autant d'impact que les préjugés positifs (les asiatiques sont bons en mathématiques). Celui-ci sera certes différent selon les contextes et les individus. On peut ressentir un besoin de conformisme (je devrais être meilleur en maths), de fatalisme (j'ai pas le choix d'être bon en maths et d'en faire une carrière) ou de rejet (je vais couler mes maths). Bref, les mots ont autant d'impact que les idées qui les projettent.

Ceci n'est qu'un premier volet d'une série plus ou moins longue sur le sujet. Mais je vous invite sincèrement à y réfléchir. Je reviendrai prochainement sur le "politically correct": quelle est la différence entre ce concept et celui de l'élimination de préjugés sociaux?

vendredi 18 avril 2014

Le marketing social et la publicité Facebook

Il est temps de continuer la réflexion lancée plus tôt sur la présence des entreprises sur Facebook, et sur leurs interactions avec la communauté. Dans le cadre d'un cours à l'UQAM, j'ai eu l'occasion de récolter et analyser les résultats d'un sondage (non probabiliste) sur la sensibilité à la publicité Facebook. Voici quelques résultats marquants de cette étude.

À la question : " Je passe plus de 30 minutes actives sur Facebook par jour. " , 85,7% des répondants ont dit être en accord avec cette affirmation. Ce résultat n'est pas surprenant, mais explique très bien pourquoi les entreprises ont sauté à pieds joints dans l'aventure, sans réellement se soucier de sont efficacité. Les questions suivantes ont toutefois des résultats qui risquent d'en surprendre certains. Le pourcentage donné est toujours la fréquence des gens en accord avec l'affirmation.

Je prends en considération le degré de satisfaction des autres consommateurs avant de faire un achat : 14,3 %
Je remarque la publicité sur Facebook : 46,7%
Je suis sensible aux offres promotionnelles offertes sur Facebook : 5,8 %
La publicité sur Facebook m’amène à modifier ma manière de magasiner : 0,9 %

Ce que l'échantillon suggère alors est que si le marketing social est bel et bien visible, peu de répondants disent être affectés par la publicité suggérée, et que seuls de très rares participants à l'étude affirment que cette publicité Facebook les a porté à changer leur consommation.

Il semblerait donc que les interactions des clients avec les entreprises sur internet ne se situent pas du côté de la consommation, mais plutôt des commentaires et du feedback concernant certains produits.

Toutefois, il faut noter que l'échantillon est non probabiliste, donc il ne faudrait pas pousser les conclusions en dehors de leur contexte. Il était bien sûr mentionné que l'étude se faisait dans un cadre universitaire, ce qui aurait pu changer certaines réponses. De plus, la majorité des répondants étaient des femmes de 17 à 34 ans, issues des cercles de connaissances de l'équipe de recherche. Finalement, l'échantillon était de taille discutable.

Malgré tout, les résultats portent à poser certaines questions pertinentes. Quelle est la réelle relation des entreprises avec leur client sur les réseaux sociaux, et jusqu'à quel point cette relation emmène un changement dans la consommation? Surtout, si la population accepte l'intrusion de la publicité dans sa vie intime comme inévitable, la voit-elle positivement ou celle-ci a-t-elle un effet contraire à celui désiré?

samedi 12 avril 2014

Sommes-nous une bande de colons?


À voir la campagne de publicités de Capital One Canada, c'est en effet l'impression que l'on nous donne. En effet, la banque américaine se présente comme un symbole de modernité et d'humanité dans la Belle Province, surtout dans la première publicité de cette série.

S'il est généralement considéré une bonne idée en marketing (comme en enseignement, d'ailleurs), d'utiliser des référents culturels afin de mieux y greffer notre message, il est aussi avisé de bien choisir ses références.

Semble-t-il toutefois que cette publicité fonctionne, malgré son caractère réducteur de la culture québécoise. Qu'en pensez-vous?




jeudi 10 avril 2014

Marketing social : début de la pensée

Je vous enverrai ici simplement à une publication sur le site Isarta qui porte sur l'impact du marketing par le biais de Facebook. Je reviendrai plus tard sur le sujet, avec une étude maison complétée dans le cadre d'un cours. (Étude non probabiliste, j'y reviendrai alors)

Tout de même, les conclusions de cette étude sont (un peu) étonnantes. Les Québécois seraient en général très ouverts et tolérants lorsqu'il est question de publicité sur Facebook, mais beaucoup moins lorsque la marque ne leur répond pas dans leur langue.

Bref, j'y reviendrai.

Autopsie électorale : 2e party

Parce que discuter de communication, c'est toujours la fête, entamons donc cette deuxième partie dans l'allégresse. Et pour emprunter un langage cher au chanteur de musique fruitée PellepX3, voici la fin de la liste des Top Erreurs de campagne.

1) Évitez la cassette. Cette sacro-sainte cassette politique relève des premières théories de la communication, selon lesquelles il suffit de répéter le même message pour s'assurer qu'il soit bien reçu et assimilé. Or, depuis, les théories n'ont cessé d'évoluer et de prouver les nombreuses limites d'une telle approche. Ce n'est pas en répétant exactement la même phrase que vous vous assurerez de sa bonne transmission. Bien communiquer, c'est un art qui demande non seulement la parole, mais aussi énormément d'écoute.

2) La fuite. Évitez de fuir les caméras. Si vous refusez toutes les questions de journalistes, vous donnerez l'impression de vouloir cacher quelque chose. En cette ère où la population demande de plus en plus de transparence, peut-être vaut-il mieux s'attarder, quitte à se limiter à des commentaires généraux du genre : "Je n'ai pas toutes les informations. Je vous reviendrai." Mieux avoir l'air ignorant que malhonnête. Toutefois, personne n'est à l'abri d'un délateur: si vous savez quelque chose et que vous le cachez, ça pourrait revenir vous hanter.

3) Le contrôle. Il est pratiquement impossible de contrôler totalement le message. Je rejoint ici le premier point, en ce sens qu'une phrase dite sera interprétée. Une campagne, politique ou publicitaire, sera détournée. Pour réagir aux détracteur, il vaut parfois mieux jouer la carte de la transparence, comme l'a fait McDonald. Mais attention: la transparence n'est pas qu'un mot à jeter dans la mêlée à la va-vite: c'est un concept, une attitude.

4) Les jeux de mots. De grâce, vraiment, évitez les jeux de mots dans vos slogans électoraux. Si "On se donne Legault" peut avoir un air hyper positiviste, il est facile de retourner le sens et d'y voir une référence à une maladie intestinale infectieuse. De plus, vous pourriez vous retrouver sur un Tumblr satirique.

Sur ce, à la prochaine campagne électorale mes chers politiciens. Apprenez de vos erreurs, un peu.

mercredi 9 avril 2014

Autopsie électorale

C'est la mode, les analystes politiques font leur "post mortem" (sic) électoral. Mis à part le problème linguistique (l'OQLF suggère plutôt d'utiliser les expressions "bilan" ou "analyse rétrospective. Le choix ici a été "autopsie", beaucoup plus imagée), cette élection a soulevé de nombreux problèmes communicationnels. En voici quelques uns, dans l'ordre ou le désordre.

Le mythe 2.0

J'ai déjà écrit ici sur le phénomène du 2.0 dans le domaine politique au Québec, dans le cadre d'une campagne électorale. J'aimerais revenir sur le sujet, puisque les différents partis politiques, en général, ne semblent pas avoir compris. De plus, certaines corrections s'imposent aux conclusions identifiées en 2012.

1) Identifiez votre cible. Combien de fois avons-nous vu, ce printemps, des partis, ou partisans politiques, tenter de convaincre par le biais de 140 caractères des gens diamétralement opposés sur l'échiquier politique. C'est comme si Dodge Ram tentait de vendre un "pick up" à Françoise David. Elle lui dirait de s'essayer sur Daniel Breton. Toutefois, cela ne veut pas dire d'ignorer leurs appels. S'ils vous interpellent, répondez. J'y reviendrai. Mais ne perdez pas la face en vous faisant l'instigateur de discussion qui risquent de mal tourner.

2) Le dialogue, c'est l'essence du 2.0. Sur les réseaux sociaux, les entreprises ont compris qu'on gagne beaucoup plus à susciter un "engagement" qu'en laissant, tout bonnement, des publicités sur internet dans l'espoir qu'elles atteignent un cible. Et, par engagement, en communication, nous parlons de discussion. Prenez l'exemple de McDonald qui a fait campagne en répondant à toutes les questions de clients et d'opposants, sur les réseaux sociaux. L'essentiel, donc, est de discuter, pas de "spinner".

3) Investissez, ne bloquez pas. En vente, il y a cet adage qu'un client mécontent en parlera à 10 autres, qui répandront la nouvelle. Ça se vaut aussi en politique, et sur les réseaux sociaux, l'impact est amplifié. Lorsque François Legault a bloqué un nombre important d'utilisateurs Twitter en 2012, la nouvelle a fait boule de neige sur les réseaux sociaux. Même chose cette année avec Pierre Duchesne. Certes, les trolls sont parfois difficiles à gérer, mais il vaut parfois mieux les ignorer que les bloquer. Si votre coeur de politicien ne peut le gérer, engagez un gestionnaire de communauté compétent, qui saura le faire avec tact.

4) Sortez de votre vase clos. Un article récent du Devoir faisait état de la situation des partis politiques sur la twittosphère. Plusieurs autres analyses faisait état, plus tôt dans la campagne, de l'omniprésence du Parti Québécois sur les réseaux sociaux. Or, ce qu'on apprend, c'est que le PQ a certes été bruyant, mais isolé, discutant entre militants convaincus. Mauvaise tactique, ou rejet de la discussion? Il faudrait peut-être répondre à cette question. Discutez entre vous, certes, mais essayez aussi d'engager des discussions qui portent fruit (lire: évitez les envolées lyriques de sourds) avec les autres utilisateurs.