lundi 20 mars 2017

Duhaime et la fin de l'homosexualité. Ou pas.

Je dois l'avouer, je ne suis pas la seule personne à me pencher sur le sujet de l'affaire Duhaime. Par contre, j'aimerais souligner quelques points importants.

D'une part, monsieur Éric souligne que la lutte pour la reconnaissance des droits des gais est terminée, et qu'il est temps que le lobby gai (terme utilisé par l'extrême droite populiste pour délégitimer les activistes gais, au même titre que Social Justice Warriors) cesse ses activités. Or, l'expérience terrain en tant que personne Queer, en tant que penseur Queer à la maîtrise en communication, en tant qu'intervenant Queer bénévole sur une ligne d'écoute Queer venant en aide aux gens Queer, me prouvent que c'est bien le contraire.

Saviez vous que pour l'année financière 2015-2016 (derniers chiffres disponibles), l'organisme Gai Écoute a reçu plus de 13 000 demandes de recours à ses services, et que de ce nombre, 84% sont des appels d'aide alors que le reste concerne des demandes de renseignement?

Mais bon, je divague de mon intention originale. Je voulais parler d'un sujet qui semble bien tabou. En effet, il me semble que bien peu de personne comprennent l'importance d'un coming out sincère. (On se souviendra que le but du coming out de monsieur Éric est de faire la promotion de son nouveau livre.) Le coming out est souvent l'aboutissement d'un long processus de découverte et d'acceptation de soi. Malgré les "avancées" sociales (l'homophobie ordinaire demeure galopante dans notre société si ouverte), ce coming out s'accompagne souvent de déchirements internes, ou encore pis de déchirements familiaux et amicaux.

Aussi, les gens ont tendance, récemment, à dire "je ne peux pas croire que les vedettes doivent encore faire un coming out sur la place public. On est en 2017, bâtard!" Et bien, à ceci, je répond que c'est grandement important. Colton Haynes l'exprime d'ailleurs clairement bien dans une entrevue qui fait suite à son propre coming out, l'an dernier: (traduction libre)

"J'aurais du le dire, mais je n'étais pas prêt. Je ne croyais pas devoir quoi que ce soit à quiconque. Je crois que chacun doit prendre ce genre de décisions lorsqu'il est prêt, et je ne l'étais pas. Mais j'ai senti que je laissais tomber les gens en n'avouant pas tout ce que je n'ai pas dit et que j'aurais du dire."  
Il y a aussi l'acteur Jack Fallahee, qui s'est retrouvé dans la situation inverse. En effet, l'acteur a fait un "coming out hétérosexuel", peu après l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Jusqu'alors, il avait systématiquement refusé de parler de son orientation sexuelle, laissant planer un certain flou sur sa vie privée. Mais il a avoué avoir réalisé que c'était important pour lui de se dévoiler en tant qu'hétérosexuel, et allié, en réalisant que le vécu de la communauté LGBT était incroyablement différent du sien, et que ce serait une injustice complète que de dire qu'il pouvait prétendre le contraire.

Les gens, surtout les jeunes, ont besoin de modèles positifs. À la fois, gais, hétéros, transgenres, agenres, bisexuels, asexuels, intersex, sapiosex, queer, pansex, bispirituels. Ces gens doivent prêter leur voix pour faciliter la diversification de la représentation au petit, comme au grand écran.

Ce n'est pas par coïncidence que 23% des appels reçus par Gai Écoute concernent l'isolement, le rejet ou la solitude. Et que 17% des appels concernent la découverte de l'orientation sexuelle et l'acceptation de soi.

Il est primordial pour une personnalité publique de faire son Coming Out. Pour pouvoir dire aux gens qui ont encore de la difficulté avec leur orientation sexuelle que c'est possible.

We're here, we're queer, get used to it!


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Petit aparté, pour la forme. Dans ce fameux bouquin, que je vous conseille de ne pas acheter, et de ne pas en parler à personne pour ne pas en faire la promotion, Érickouchou y va de cette belle affirmation:

«Je remercie souvent le ciel de préférer les hommes aux femmes. [...] Je n'ai pas non plus à faire attention, lorsque je drague, à ne pas franchir la "limite", à m'assurer qu'il y a explicitement consentement de la part de l'objet de mes pulsions.»

Si j'ai bien compris, le viol n'existe pas entre hommes gais. L'harcèlement sexuel non plus. "BIN OUI MAIS YEST BANDE, Y VEUT!"

Désolé, mais non. Bien malgré moi, j'ai été dans les positions "d'agresseur" et "d'agressé". Non que je veuille comparer des situations certes embarrassantes, mais plus proche d'un harcèlement qui dure 5 minutes et après on passe à autre chose et tout le monde oublie tout, à une agression sexuelle, mais c'était les seuls termes qui me sont venus à l'esprit. Il est fort possible que le corps disent oui, et que l'esprit dise non. Comme me l'a dit ma "victime" devant mes remarques un peu trop insistantes : "j'aimerais ça, mais j'ai un chum". "enweille donc, il le saura pas". "non non". "ok, appelle moi si tu changes d'idée, bonne soirée chose". (oui, j'appelle couramment les gens "chose". Je suis cool de même, moi.)

Finalement, entre 10 et 20% des hommes canadiens vont vivre, à un moment ou à un autre de leur vie, une forme d'agression sexuelles. De plus, les hommes homosexuels seraient plus victimes de ce type de violence, en partie à cause de violences homophobes. Donc, mon point ?

Le lobby gay a sa raison d'exister, Éricounet.


dimanche 12 juin 2016

Aujourd'hui, j'ai pleuré

Oui. Avec le massacre d'Orlando, j'ai pleuré. Non pas parce que les victimes étaient innocentes. Ou parce qu'elles ont été la cible d'un tireur fou. Ou d'un supposé fanatique musulman. Mais parce que les victimes étaient toues membres de la communauté LGBTQAIAPSA+.

La société générale se questionne souvent sur la validité de l'idée de "communauté" LGBT+. Les personnes gaies, bisexuelles, lesbiennes, transexuelles, ou autres membres du spectre se questionnent souvent sur ce même concept. Mais des événements comme aujourd'hui renforcent, chez moi comme chez la plupart des membres de cette grande famille, le sentiment de communauté.

Je n'ai pas eu à me questionner sur ce sentiment de "communauté LBGTQ" depuis longtemps. Mais aujourd'hui, de nombreux médias, de nombreux politiciens, et une quantité phénoménale de membres de la société civile ont tenté de dévier le massacre d'Orlando comme une attaque contre les États Unis, contre l'Occident, et contre l'homme blanc catholique.

Premièrement, l'attaque au club Pulse ciblait particulièrement des personnes LGBT. Dans un bar reconny pour être un endroit où les LGBT se sentent en sécurité. Dans un mois de célébration pour les LGBT. Donc, n'essayez pas de noyer cet événement en tant qu'attentat terroriste visant les États Unis. Oui, l'État Islamique a revendiqué l'attentat. Oui, le tueur a fait un appel quelques minutes avant les faits pour faire allégence au groupe islamique. Malgré tout, cet attentat visait des homosexuels, dans un endroit jugé favorable aux homosexuels, dans un mois de célébration homosexuelles. Le massacre d'Orlando est donc, par définition, une attaque homophove.

Ensuite, il est vrai d'affirmer que la communauté homosexuelle n'est pas une communauté au sens propre du terme. Mais il y a certainement un besoin de regroupement en communauté qui est partagé par les personnes LGBT+. Nous avons besoin de sentir une appartenance qui transcende la société générale, qui nous rejette trop souvent. Nous avons besoin de savoir que malgré tout, nous pourrons trouver une communauté qui nous accepte tel que l'on est.

Nous partageons aussi certaines caractéristiques. Par exemple, les jeunes LGBT sont sur représentés dans les statistiques en ce qui a trait aux personnes sans abris. Les hommes gais sont aussi, malheureusement, plus à risque d'être dépressifs chroniques, et de tenter de se suicider au moins une fois.

Les jeunes LGBT+ ont besoin de modèles positifs, autant que les autres minorités.culturelles.Et c'est un des problèmes que combat de nombreuses associations LGBT actuellement. Nous sommes carricaturés dans les médias, dans la société, dans la fiction. Le peu de médias qui représentent correctement les personnes LGBT xont éligibles pour un GLAD award.

Aujourd'hui, j'ai aussi pleuré parce que j'ai fait mon coming out en 2003. 5 ans après les événements de Laramy, alors que Mathew Sheppard a été brutalement assassiné à cause de son orientation sexuelle. Mon processus d'acceptation de moi a été teinté de ces événements. Et mon processus d'aide aux autres, aux jeunes, au gens dans le placard, sera toujours teinté des événements d'Orlando ce matin.

dimanche 15 mai 2016

Censure?


Avouons-le d'emblée : Mike Ward e Guy Nantel ont réussi à mousser leur popularité dans les derniers jours. Je n'ai pas ici l'idée de critiquer, ou d'encenser, l'humour de l'un ou de l'autre. Disons simplement qu'ils ont tous les deux tendance à être plus drôle que des jokes de bébés morts. (Quoique souvent, les jokes de bébés morts, je trouve ça pas mal drôle, contrairement à ces deux là).



Mais bon. Nous avons fait grand cas dernièrement sur la censure subie par ces deux "humoristes" suite à la coupure de leur numéro aux Oliviers, ce "gala" "récompensant" le "meilleur" de "l'humour" québécois. (Remarquez tous ces guillemets. Le meilleur de l'humour québécois ne se fait pas nécessairement sur les planches, possiblement par contre à l'assemblée nationale) La question, malgré tout, n'est pas de qualifier leur humour, mais, simplement, de savoir si la « censure » imposée par l'assureur était justifiée.





Or, de mon opinion de satané étudiant en droit, nous faisons face ici à une simple question d'outrage au tribunal. En effet, Mike Ward, l'un des deux humoristes impliqués, est en ce moment devant la justice pour un gag de mauvais goût qu'il aurait fait par rapport à un enfant handicapé. Laissons cette cause suivre son cour. Mais l'idée qu'il ridiculise, par personne interposée, la Commission des Droits de la Personne et des Droits de la Jeunesse dans ce gag pourrait facilement, malgré l'innofensivité du gag, constituer un outrage au tribunal.



En effet, l'outrage au tribunal est défini comme un « manque de respect envers l'autorité de la cour. » Cet outrage doit certes être plaidé par une personne, physique ou morale. Mais autoriser un tel gag, à une heure de grande écoute, aurait d'une part ouvert Mike Ward et Guy Nantel à des poursuites en ce sens, mais aussi le diffuseur, ainsi que l'organisateur. Rappelons simplement que l'outrage au tribunal est passible de peine de prison.


Donc, oui, le gag est "soft", en ce sens qu'il ne porte directement atteinte à personne. Oui, il est plate en ce sens qu'il ne m'a pas fait rire. Mais sa coupure est justifié, au delà de ces idées, par le simple fait que Mike Ward a un devoir de retenue, vu ses démêlés devant la justice.


jeudi 8 octobre 2015

Niqab. Encore ?

Le débat social enflâmé est de retour ! Je décide ici de faire un exposé juridique sommaire, bien que relativement long. Je ne prétend pas détenir la vérité absolue sur la question, mais je soumet ces arguments à votre réflexion.

Dans une affaire précédante, la Cour Suprême devait statuer si un juge pouvait ordonner à une femme de se dévoiler pour témoigner devant la cour. Si la Cour confirme cette latitude, certains passages du jugement sont particulièrement éclairants :
Une mesure extrême, qui obligerait toujours, ou n’obligerait jamais, le témoin à enlever son niqab durant son témoignage serait indéfendable.  La solution consiste à trouver un équilibre juste et proportionnel entre la liberté de religion et l’équité du procès, eu égard à l’affaire particulière dont la cour est saisie.
Donc, la juge McLachlin affirme, avec l'accord des juges Deschamps, Fish et Cromwell, qu'une mesure unilatérale concernant le port du niqab pour un témoignage serait "indéfendable". De plus, dans le même paragraphe,
La personne appelée à témoigner qui souhaite, pour des motifs religieux sincères, porter le niqab pendant son témoignage dans une procédure criminelle sera obligée de l’enlever si deux conditions sont respectées : a) cette mesure est nécessaire pour écarter un risque sérieux que le procès soit inéquitable, vu l’absence d’autres mesures raisonnables pouvant écarter ce risque; et b) les effets bénéfiques de l’obligation d’enlever le niqab sont plus importants que ses effets préjudiciables.
Même si ce jugement ne porte pas directement sur la question qui fait la une dans les débats politiques, certains aspects du jugement semblent particulièrement pertinents. Plus tard, les juges affirment que
Toutefois, ne jamais autoriser un témoin à porter un niqab pendant son témoignage ne respecterait pas le principe fondamental sous-tendant la Charte selon lequel les droits ne doivent être restreints que par une mesure dont la justification est démontrée.  La nécessité de respecter les croyances religieuses sincères et de les mettre en balance avec d’autres intérêts est profondément enracinée en droit canadien.
Toutefois, la dissidence de la juge Abela est particulièrement éclairante pour la cause qui nous intéresse ici, soit du port du voile intégral lors de l'assermentation.
Les tribunaux acceptent régulièrement les dépositions des témoins dont ils ne peuvent observer le comportement que partiellement et il existe nombre d’exemples où les tribunaux acceptent les dépositions de personnes qui ne peuvent témoigner dans des conditions idéales à cause d’un handicap visuel, oral ou auditif. (...)  Tous ces problèmes constituent des écarts par rapport aux circonstances idéales pour l’évaluation du comportement, mais aucun d’entre eux n’a été considéré comme rendant le témoin inhabile à témoigner au motif qu’ils portent atteinte au droit de l’accusé à un procès équitable.  Les personnes qui portent un niqab ne devraient pas être traitées différemment.
Comment cette dissidence est-elle intéressante pour le cas qui nous intéresse ici ? Parce qu'elle rejoint en tout point l'opinion exprimée par le juge de première instance de l'affaire Ishaq c. Canada. Même si son jugement porte sur la valeur juridique d'une directive ministérielle allant à l'encontre d'un règlement administratif, il ajoute deux éléments intéressants :
[61]           En fait, comme il a été mentionné plus tôt, à cause de toute condition exigeant qu’un candidat à la citoyenneté soit réellement vu en train de prêter le serment, il serait impossible, non seulement pour une femme portant le niqab, mais aussi pour une personne muette ou un moine ayant fait vœu de silence, d’obtenir la citoyenneté.
 Suite à cette courte analyse, j'en revient à mes points exposés dans de (nombreux) billets précédants : le racisme culturel. S'il va de soi que l'on permette à une personne muette de porter le serment de citoyenneté, nous jugeons, en tant que culture dite moralement supérieure, que le port du niqab, quant à lui, devrait être proscrit. Toutefois, le juge conclue d'ailleurs, après l'étude de l'article 21 du Règlement, que c'est la signature d'un certificat certifiant la prestation du serment de citoyenneté qui constitue la seule preuve requise au sens de la Loi.

Malheureusement, cet argumentaire ne sera pas emmené en Cour Suprême, puisqu'il est ici question de la validité d'une directive ministérielle, et non du port du niqab en tant que tel.

mercredi 18 mars 2015

Grève étudiante : légale ou pas ?

Récemment, le malheureusement célèbre Jean François Morasse aurait déclaré que
« Jean-François Morasse a tenu à dire qu'il n'a rien contre les manifestations étudiantes, qu'il s'agit d'un droit, mais que les grèves étudiantes sont illégales, comme l'ont statué les tribunaux, a-t-il rappelé. » (source : Huffington Post)
Les tribunaux ont-ils réellement statué sur la légalité de la grève étudiante ? La question est légitime.

Rappelons qu'en 2012, un bon nombre d'injonctions interlocutoires provisoires ont forcé le retour en classe de certaines associations étudiantes en grève. Pour un néophyte, il semblerait en effet que les tribunaux ont interdit aux étudiants de faire la grève. Or, il en est tout autrement. En effet, selon le Réseau Juridique du Québec,  l'injonction provisoire ne demande qu'un apparence de droit, n'implique aucunement la partie adverse, et le juge ne se prononce pas sur la question de fonds. Il est donc erroné de penser que les tribunaux ont statué sur la légalité de la grève étudiante.

Nous sommes toujours dans un flou artistique, puisque ni la jurisprudence, ni la loi ne statue clairement sur le droit de grève des étudiants. Toutefois, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle entre le mouvement "carré vert" et le "Right to work".

jeudi 5 mars 2015

Le racisme culturel : bis

Vous vous rappelez ce truc que j'ai écris, il y a longtemps, sur le racisme culturel ? Eh bien, je vous invite à lire ces commentaires que j'ai recensé, sur une pétition en appui à la juge Eliana Marengo, qui a récemment refusé d'entendre la cause d'une femme portant le hijab.

Commençons par le texte d'introduction de la pétition

Notons, entre autre, l'idée que "le port de ces types de vêtements est conforme aux principes de la charia si précieux aux intégristes islamistes et souvent financés par eux." . Bon, mis à part le fait qu'un hijab coûte à peu près 5$ dans n'importe quel Ardenne....

Entrons dans le vif des commentaires. Parce que ce genre de pétitions ne peut qu'appeler des commentaires joyeux, érudits, et remplis de bon sens.


Le «hijad» peut donc être porté par des hommes barbus, qui y cachent des bombes. Alors qu'on sait que le hijab montre le visage.... Mais bon, puisqu'on change hijab pour hijad, j'imagine que c'est maintenant un vêtement ample qui couvre le corps, tel un de skidoo.


Heureusement, forcer les gens à s'émanciper n'est pas nécessairement contradictoire.

J'ai cru bon de dépersonnaliser le commentaire, vu son niveau d'érudition. Et non, je ne suis pas celui qui a composé la réponse.

Parce que oui, le Bien être social est un montant d'argent versé mensuellement aux femmes pour qu'elles portent un hijab. Oui.

Je pourrais continuer pendant des heures, parce qu'il y a près de 1000 commentaires joints à cette pétition. Mais je vous pose cette question: comment ces commentaires sont-ils si loin du concept de racisme culturel que j'ai déjà exposé ? Nous jugeons, en tant que société occidentale « moralement supérieure », des coutumes, des pratiques culturelles, que nous jugeons comme inassimilables. Nous traitons, au nom de la laïcité, des musulmans de barbares à cause de leurs coutumes vestimentaires.

J'ai bien dit "des musulmans" et non "les musulmans". Parce que, l'islam, comme le judaisme, le catholicisme, ou le laicisme, connaît plusieurs tendances. Le racisme culturel correspond à l'idée de ne pas reconnaître les autres tendances comme légitimes, mais plutôt comme des barbares qui ne méritent pas les mêmes droits que les autres. Je ne vous parlais pas aussi, récemment, de la liberté de parole ?

dimanche 11 janvier 2015

Liberté d'expression, #Charlie et malaise

L'idée, ici, n'est pas de revenir sur les événements récents de Paris. Mais simplement soulever certains points qui m'empêchent de soutenir un mouvement comme #JeSuisCharlie. Encore une fois, je ne soutient pas ici ni les tueurs, ni la tuerie. Je soulève simplement certains malaises.

La liberté d'expression
Dès le départ, on affirme que l'acte, la tuerie de Paris, est une attaque directe sur la liberté d'expression, si chère à la France. Or, comment pouvons-nous affirmer que cette liberté est belle et bien si chère, alors que la France elle-même censure des humoristes comme Dieudonné ? Il ne s'agit pas ici de cautionner son humour, ou son style d'humour, mais simplement de questionner l'idée d'une liberté d'expression à géométrie variable.



L'histoire des caricatures
Certains médias ont décidé de publier intégralement les caricatures controversées, celles représentant le prophète. Or, lors de l'incendie des locaux de Charlie Hebdo, en 2011, tous les médias s'étaient entendus pour flouter ces caricatures. Encore une fois, parle-t-on de liberté d'expression à géométrie variable ? Ou de solidarité médiatique conditionnelle ?


 #JeSuisCharlie , la pire des hypocrisies
N'est-il pas un peu bizarre de voire le maire Denis Coderre affirmer qu'il est Charlie, et qu'il prône la liberté d'expression, alors même qu'il soutient le règlement P6, brimant cette liberté à ses propres citoyens ? 
Ou encore que Régis Labeaume se pose comme un défenseur de la liberté d'expression, alors qu'il peine à l'accorder à ses opposants dans les conseils municipaux, ou aux employés de la ville de Québec dans les négociations?
Ou finalement qu'on affirme haut et fort que nous sommes tous Charlie, mais qu'il faudrait du même souffle resserrer les frontières et fermer les mosquées ? Je ressent un profond malaise.


La marche, une autre affaire
Ce dimanche, les rues de Paris se sont remplies de citoyens et autres politiciens affirmant leur support à Charlie Hebdo et à la liberté d'expression. Certes, l'idée est louable. Toutefois....
Que vient y faire Erdogan, alors même qu'il n'hésite pas à emprisonner les opposants formulant quelconque critique du pouvoir ? Et c'est sans compter les nombreux journalistes, tel que rapporté par Reporter Sans Frontière en 2012, qui y sont emprisonnés.
Que vient y faire Benjamin Netanyaou, qui n'hésite pas à exercer une censure sur les opposants aux régime militariste d'Israel ?
Que vient y faire Steven Blaney, alors que son gouvernement n'hésite pas à exercer une ingérence politique dans les recherches scientifiques?
Et, ironiquement, des partis ayant appuyé le projet de loi 78, en 2012, brimant la liberté d'association, viennent manifester, à Québec, pour la liberté d'expression, au point d'en prendre une photo. 


Voila. Alors non, nous ne sommes pas tous Charlie. Vous n'êtes pas Charlie, non plus. Laissons les proches, la famille, les amis et collègues, ainsi que le monde de la caricature satirique faire son deuil. Mais n'allez pas les embêter avec votre relativisme indécent.


Addendum 
De plus, pour avoir une idée des chefs d'État et de leur représentants, présents à la manifestation de Paris, affichant leur appui à la liberté d'expression tout en ayant des attitudes plus que douteuses à l'intérieur même de leurs frontières, je vous suggère ce lien. L'utilisateur @DanielWickham93 en a fait, sur Twitter, une liste impressionnante, qui a été mise sur Storify.